Une histoire?

Une histoire où se rencontre un fier thonier, un équipage et un orchestre de blues-rock de ruelle

 

Début Août 2009, l’Arawak est à Brest et a besoin de réparations sur sa coque : des écarts font de l’eau et doivent être recloués et calfatés. Alors à son bord, un nouveau skipper et un charpentier de marine envisagent avec un des propriétaires d’effectuer des travaux à l’échouage à quai à Paluden (Aber Wrac’h) .Ici commence cette histoire, avec un nouvel équipage, de nouvelles destinations et idées pour Arawak.

 

Les travaux ne seront réalisables qu’en période de vive-eau, l’équipage décide donc d’en profiter pour s’occuper de ses deux passagers : des amis de la tribu Arawak. Il organise des sorties : par exemple un week-end sur l’Ile d’Ouessant, l’ambiance est familiale : on mange le poisson de la pêche et les enfants font les apprentis pirates.

 

Quand les vives-eaux arrivent, on peut alors réparer la coque, grâce à l’aide précieuse d’un charpentier expérimenté qui est venu conseiller. Grosses journées en perspective, route du port de l’Aber jusqu'à Paluden, cravatage des mats, préparation du matériel, une fois la carène au sec il reste trois heures pour effectuer les travaux, il faut ensuite ranger le bateau et retourner au port. A ce rythme, il faudra trois marées pour arriver à un résultat satisfaisant.

 

Nous voila rendus à la mi-août et il est maintenant temps de trouver un équipage capable de convoyer Arawak jusqu’à La Rochelle où il doit être prêt pour le 5 septembre. C’est à se moment qu’arrivent Les Barbouzes de la Pérouse notre groupe de « blues-rock de ruelle » car c’est ainsi qu’ils aiment se définir. Une rencontre de personnes et de savoirs faire, il y a des moments où les idées se rejoignent, de grands sourires fleurissent sur les visages parce que c’est possible et qu’on va le faire, cette aventure maritime, musicale et humaine va exister. En deux jours, un programme de navigation est établi, des dates de concert dans les bars et pour le festival des minorités à Douarnenez sont posées, l’avitaillement est chargé  et les derniers membres de l’équipage sont arrivés. Le départ, à la voile par le chenal de la Malouine met tout le monde dans l’ambiance, arrivée à Douarnenez le lendemain au portant.

 

Les Barbouzes partent à l’assaut de la ville et vont jouer au marché puis au café de la rade chez Micheline. Douarnenez est une ville de marins et de charpentiers de marine, notre arrivée  provoque assurément des rencontres et des échanges : certains l’ont connu par le passé, d’autres s’intéressent au bateau ou à notre aventure, en tout cas beaucoup d’encouragements et d’idées, des tranches de vie, des sourires et des rires. Nous aurons pendant cette escale, organisé trois concerts et de nombreuses visites du bateau.

 

La route continue par le Raz de Sein, Penmarch, les Glénans et Groix pour faire après Vingt-cinq heures de navigation escale à Sauzon (Belle-Ile) et offrir un concert sur le port.

On doit repartir le lendemain pour La Rochelle mais la météo est mauvaise, une accalmie est prévue le lendemain, on ira donc au port du Palais. En fin de matinée, une équipe part en reconnaissance sur le port pour étudier les possibilités de jouer à quai ou dans un café. On s’aperçoit qu’un quai, certes un peu court, peut accueillir l’Arawak, la direction  du port nous invite gracieusement. On pourra accoster à marée haute, dans l’après-midi. Les Barbouzes et l’équipage se concertent et décident  de se présenter en fanfare, en costume bien sur, avec comme décor la citadelle du Palais. La fête sera interrompue par la pluie mais de toute façon le départ pour La Rochelle est prévu en fin de nuit.

 

Il est quatre heures, le vent donne un bon force six, on quitte le calme du port et une fois passées les jetées c’est le branle-bas, tout le monde sur le pont pour envoyer les voiles qui nous pousserons à neuf nœuds de moyenne jusqu’à La Rochelle. A l’aurore ça mollit un peu, et on file à bonne allure dans une belle houle, tout cela est comme on aime : Arawak danse et nous emmène vers la vie. Là-bas, on sera accueillis par des amis et les familles des Barbouzes. Des grains dans la nuit, mais on passe quand même sous le soleil et en fanfare les tours de La Rochelle, les amis sont là avec leur sourire, certains nous ont suivi de Douarnenez par la terre pour vivre avec nous ces instants. La musique prend place, on ouvre quelques bouteilles pour fêter la fin du périple, l’équipage a tenu ses paroles : Arawak est à bon port, au bon moment et en meilleur état qu’il ne l’était un mois plus tôt, alors l’heure est à la détente et au relâchement. Les visages s’illuminent et la vie s’installe, ce sera intense et fort. Toute la nuit, la musique rayonne et on se chauffe le cœur, on se rencontre par les mots, par une valse. Une petite foule se crée un présent et vie sur un quai à la lumière des lampadaires de cette belle ville.

 

Je ne pourrai pas vous raconter la fin de cette nuit : je n’ai pas eu la force de la vivre. En tout cas, je sais qu’à la fin de cette histoire, on pouvait lire dans les yeux d’infinis remerciements réciproques, chaque équipier ayant tout donné pour porter cette petite bulle de vie sur ce chemin de mer, à travers les ports où la nature de ce qu’on vivait se diffusait et brassait de la vie. Je vous remercie de votre lecture et à tout hasard vous demande pourquoi pas un autre Arawak’n Roll Tour ?

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